Cette activité aborde la question de l’information et de la désinformation sous l’angle des droits et des devoir inhérents à la pratique du journalisme.
Le métier de journaliste suit un code de déontologie qui impose des règles éthiques.
Bien qu'il existe plusieurs chartes selon les pays, la Charte de Munich et la Charte mondiale d'éthique des journalistes résument les principes clés. À partir d’une synthèse de ces deux chartes en 13 points, les participants doivent retrouver à quel(s) principe(s) chaque situation ou publication présentée fait référence.
Activités quiz
Chaque situation, ou document, est lié à un ou plusieurs principes déontologiques de deux manières possibles :
soit parce que ce principe est appliqué dans la situation présentée ;
soit, au contraire, parce que ce principe est bafoué dans la situation présentée.
L’activité consiste à retrouver le ou les principes déontologiques mobilisés dans chaque situation.
Deux niveaux sont proposés :
Le questionnaire A propose peu de publications mais davantage de situations dans lesquelles un seul choix de réponse est possible, ainsi que quelques questions à choix multiples. Ce questionnaire est plus accessible que le questionnaire B.
Le niveau A peut être réalisé par des collégiens ou des lycéens.
Le questionnaire B, plus difficile, est plutôt destiné à un public lycéen. Il comporte davantage de publications à analyser, dont certaines sont issues de l'exposition Fake News des Archives départementales du Gard. Les questions à choix multiples sont également plus nombreuses.
Le niveau B s’adresse en revanche davantage aux lycéens.
Questionnaire A – Réponses commentées⚓
Question A1⚓
Corriger les erreurs
Il s’agit ici d’un rectificatif publié par le journal pour corriger une erreur issue d'un précédent numéro. Cette pratique est un gage du sérieux du journal.
C’est une obligation qui figure dans l'article numéro 6 des devoirs de la Déclaration de Munich (1971) et de la Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (2019).
La rectification des erreurs est, pour les journalistes, une occasion supplémentaire d’entretenir le dialogue avec le lecteur, et de faire œuvre de transparence sur ses méthodes et ses conditions de travail.
Déclaration de Munich (1971)
[6] Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte.
Charte d’éthique mondiale des journalistes de la Fédération internationale des journalistes (2019)
6. Le/la journaliste s'efforcera par tous les moyens de rectifier de manière rapide, explicite, complète et visible toute erreur ou information publiée qui s’avère inexacte.
Respecter la vérité
Le fait de corriger une publication erronée montre l'attachement du journal à respecter la vérité et ne pas diffuser d'informations fausses.
Complément : Réponses complémentaires non proposées dans les choix
Vérifier les informations :
Ce rectificatif témoigne également de la nécessité de vérifier une information avant de la publier.
Ne pas nuire :
La première publication a pu porter un préjudice injustifié à la notoriété de l'entreprise produisant les médicaments, avec pour conséquences une baisse des ventes et une méfiance imméritée de la part des consommateurs vis à vis de la marque. Même après un rectificatif ou un démenti l'image du produit a été entachée.
Question A2⚓
Vérifier les informations
La publication d'articles sur des sujets non vérifiés, tels que la prétendue capture d'une créature extraterrestre, peut nuire à la crédibilité de l'information et propager des rumeurs infondées. Les journalistes ont la responsabilité de vérifier les faits et d'obtenir des preuves solides avant de publier, en particulier lorsqu'une affirmation suscite la controverse ou des doutes. Cela permet de préserver une information fiable, crédible et respectueuse du public. L'appel à des analyses supplémentaires par des experts souligne ce besoin de validation.
Il peut être tentant pour des journalistes de céder au sensationnalisme pour attirer l'attention du lecteur, mais il s'agit d'être prudent et de s'interroger surtout sur la valeur informative d'une telle publication. Quelle est la pertinence de ce contenu pour le lecteur ?
Question A3⚓
Respecter la vérité
En ajoutant une fausse anecdote sur une célébrité, Camille ne respecte pas le principe de vérité. Un journaliste doit rapporter les faits de manière exacte et véridique. Inventer des informations pour rendre un article plus captivant est une grave violation de ce principe et compromet l'intégrité journalistique.
Complément : Réponses complémentaires non proposées dans les choix
Être honnête :
En inventant une anecdote, Camille n'est pas honnête envers ses lecteurs. L'honnêteté implique de fournir des informations véridiques et fiables.
Question A4⚓
Être honnête
En changeant les mots du politicien pour rendre l'article plus accrocheur, Sarah ne respecte pas le principe d'honnêteté. Un journaliste doit rapporter les propos de ses interlocuteurs de manière fidèle et exacte.
Modifier les paroles de quelqu'un pour les rendre plus extrêmes est une forme de manipulation qui va à l'encontre de l'honnêteté et de l'intégrité journalistique. Même si le politicien aurait pu tenir de tels propos ou les aurait tenus dans d'autre contextes, cela n'est pas précisé par la journaliste qui ne les retranscrit pas fidèlement tels qu'ils ont été formulés lors de l'interview.
Cette action compromet l'intégrité de son travail journalistique et nuit à la crédibilité de l'information qu'elle présente.
Question A5⚓
Être juste et équilibré
En ne présentant que le point de vue des habitants opposés au projet, Lisa manque de fournir une couverture complète et impartiale du sujet.
Un article journalistique doit offrir un éventail d'opinions et permettre à toutes les parties concernées de s'exprimer. Cela garantit une représentation équilibrée et honnête des faits, afin que les lecteurs puissent se forger une opinion éclairée.
Exclure la voix de la mairie ou des partisans constitue une distorsion du débat public.
Question A6⚓
Respecter la vie privée et la dignité des personnes
Publier des photos des victimes d'un accident sans flouter leur visage et sans obtenir l'accord des familles est une atteinte à leur vie privée et à leur dignité. Le respect de la sphère privée est un devoir du journaliste, surtout dans des circonstances tragiques.
Ne pas nuire
En exposant des détails personnels sans consentement, Léa risque d'aggraver la douleur des proches, de violer la sensibilité du public et de causer des préjudices moraux. Ce principe exige une grande prudence pour éviter tout dommage inutile.
Question A7⚓
Protéger les sources
La protection des sources est un principe fondamental de la déontologie journalistique. En révélant par inadvertance l'identité de l'employé, Sophie a mis en danger la personne et enfreint le devoir de confidentialité. Cela a comme conséquences pour le lanceur d’alerte, la perte de son emploi.
Protéger les sources garantit la confiance entre les journalistes et leurs informateurs, et permet aux personnes de divulguer des informations sensibles sans crainte de représailles.
Question A8⚓
Refuser la discrimination
Mentionner l'origine ethnique des suspects alors que ce détail est sans rapport avec l'affaire alimente les préjugés et stigmatise inutilement une communauté.
Cela va à l'encontre du devoir du journaliste de fournir des informations justes et de ne pas encourager des divisions au sein de la société.
La déontologie journalistique exige de traiter les sujets sensibles de manière respectueuse et sans parti pris qui pourrait renforcer les stéréotypes ou inciter à la méfiance et à l'exclusion.
Question A9⚓
Refuser la corruption ou le conflit d’intérêt
Accepter un paiement pour rédiger un article favorable sans divulguer cet arrangement constitue une violation des principes d'intégrité journalistique. Cela biaise l'objectivité et trompe le lectorat, qui doit pouvoir faire confiance à la transparence et à l'indépendance de la presse.
Le conflit d'intérêt est évident, car l'acceptation de la compensation financière impacte la crédibilité d'Antoine, transformant son travail de journaliste en un outil de promotion publicitaire déguisé.
Question A10⚓
Rester indépendant
Les journalistes doivent préserver leur indépendance face aux pressions de toute autorité, y compris celle de leur propre établissement. Le fait que le chef d'établissement tente de bloquer la publication souligne une tentative de restreindre l'autonomie éditoriale des élèves, ce qui va à l'encontre des principes d'une presse indépendante.
Défendre la liberté d’informer
Le devoir d'informer le public, même lorsque les révélations peuvent embarrasser ou exposer des fautes graves, constitue un pilier fondamental de la déontologie journalistique. Ici, l'intérêt public est en jeu, car il s'agit d'une question d'éthique et de gestion des fonds scolaires.
Ce type de situation rappelle l'importance de la liberté d'expression et du devoir d'informer de manière transparente, même dans des contextes difficiles.
Questionnaire B – Réponses commentées⚓
Question B1⚓
Refuser la discrimination
L'article affirme des thèses complotistes à propos de l'appartenance de Franklin Roosevelt à un réseau juif d'hommes influents. Ces affirmations sont discriminatoires et stigmatisantes envers les personnes de confession juive. Un journaliste doit refuser toute forme de discrimination et ne pas propager des stéréotypes ou des préjugés.
Ne pas nuire
En affirmant des thèses complotistes non fondées sur Franklin Roosevelt, l'article porte atteinte à sa réputation et à son intégrité. La diffamation consiste à publier des informations fausses ou trompeuses qui nuisent à la réputation d'une personne. Un journaliste doit éviter de nuire injustement aux personnes dont il parle.
Respecter la vie privée et la dignité des personnes
L'article déballe la vie et les relations privées de Franklin Roosevelt. La vie privée des personnes doit être respectée, et un journaliste ne doit pas publier des informations personnelles sans le consentement de la personne concernée. En révélant des détails privés, l'article viole ce principe et porte atteinte à la dignité de Franklin Roosevelt.
Complément : Réponses complémentaires non proposées dans les choix
Vérifier les informations
Les soupçons ne se fondent que sur des relations supposées qui ne constituent pas des preuves.
Séparer les faits des opinions
La thèse du complot n'est pas la conclusion mais le point de départ de l'article. Tous les arguments présentés ne visent qu'à confirmer cette thèse sans jamais la remettre en question. L’article, à charge, est donc clairement orienté par les opinions idéologiques de son auteur.
Question B2⚓
La campagne calomnieuse menée par le journal "Gringoire" contre Roger Salengro illustre plusieurs violations des principes déontologiques du journalisme. En étant malhonnête, en nuisant intentionnellement, en manquant de justice et d'équilibre, en mélangeant faits et opinions, et en ne disant pas la vérité, "Gringoire" a gravement failli à ses responsabilités éthiques, avec des conséquences tragiques pour Salengro et pour la confiance du public dans le journalisme.
Être honnête
La campagne calomnieuse menée par "Gringoire" contre Roger Salengro est un exemple flagrant de manque d'honnêteté journalistique. Les accusations de désertion étaient fausses et ont été réfutées par des enquêtes officielles. En persistant à diffuser ces fausses informations, le journal a trahi le principe fondamental de l'honnêteté, qui exige que les journalistes rapportent des faits vérifiés et véridiques.
Ne pas nuire
La campagne de harcèlement médiatique a entraîné des conséquences dramatiques, conduisant Roger Salengro au suicide.
Les journalistes ont une responsabilité éthique de ne pas nuire intentionnellement aux personnes qu'ils couvrent.
En continuant à publier des accusations calomnieuses et mensongères malgré les preuves de l'innocence de Salengro, "Gringoire" a directement contribué à sa détresse et à son acte désespéré, violant ainsi le principe de ne pas nuire.
Séparer les faits des opinions
La campagne de calomnies a mélangé des accusations non fondées (opinions) avec des faits supposés, créant une confusion délibérée. Les journalistes doivent clairement distinguer les faits vérifiés des opinions personnelles ou des spéculations. En ne faisant pas cette distinction, "Gringoire" a trompé ses lecteurs et a contribué à la propagation de fausses informations.
Dire la vérité
Le principe fondamental du journalisme est de dire la vérité. En diffusant des accusations mensongères et en ignorant les preuves de l'innocence de Salengro, "Gringoire" n'a pas respecté ce principe. La vérité est essentielle pour maintenir la confiance du public et l'intégrité du métier de journaliste. En ne disant pas la vérité, le journal a non seulement nui à Salengro, mais a également porté atteinte à la crédibilité du journalisme en général.
Question B3⚓
Vérifier les informations
Julien a publié l'article sans vérifier la fiabilité de sa source, ce qui est une violation du principe de vérification des informations. Un journaliste doit toujours s'assurer que les informations qu'il publie sont exactes et proviennent de sources fiables. Ne pas le faire peut conduire à la diffusion de fausses informations, comme cela s'est produit dans cette situation. La pression et l’urgence ne doivent jamais être prioritaires sur le principe de respect de la vérité et donc de vérification de l’information qui en découle.
Ne pas nuire
En publiant des accusations de corruption sans vérification, Julien a potentiellement nui à la réputation de la mairie et des personnes impliquées. Le principe de ne pas nuire implique de ne pas publier des informations diffamatoires qui pourraient causer des dommages injustifiés. Dans ce cas, les accusations non vérifiées ont conduit à un démenti de la mairie, mais le mal est déjà fait.
Question B4⚓
Rester indépendant
L'affiche de 1968 pour l'indépendance de l'ORTF symbolise la lutte contre l'ingérence étatique dans les médias. Le logo de l'ORTF entouré de barbelés dénonce la censure et le contrôle exercé par l'État, appelant à une presse libre et indépendante.
L'indépendance des médias est essentielle pour garantir une information libre de toute pression politique, capable de relayer les revendications des citoyens, comme les mouvements de mai 1968, sans distorsion ni répression.
Complément : Réponses complémentaires non proposées dans les choix
Défendre la liberté d'informer
Le journalisme doit veiller à la préservation de la diversité des opinions et ne peut se limiter à être le porte-parole de l'expression du pouvoir, car cela le transformerait en un outil de propagande.
Question B5⚓
Être honnête
L'article mentionne que l'équipe a accédé aux dossiers médicaux des patients en se soustrayant à la vigilance du personnel médical. Cette méthode d'investigation est illégale et contraire à l'éthique journalistique. Un journaliste doit utiliser des méthodes d'investigation respectueuses de la loi et de l'éthique pour obtenir des informations. En violant la confidentialité des dossiers médicaux, l'équipe n'a pas respecté ce principe.
Respecter la vie privée et la dignité des personnes
En accédant et en publiant des informations médicales confidentielles, l'équipe a violé la vie privée et la dignité de Dany Bright. Les dossiers médicaux sont des informations personnelles et sensibles qui doivent être protégées. Publier ces informations sans le consentement de la personne concernée est une grave violation de son droit à la vie privée et à la dignité...
Complément : Réponse complémentaire non proposée dans les choix
Ne pas nuire :
Bien qu’il ne soit pas mentionné dans la liste des réponses, le principe de ne pas nuire implique de ne pas publier des informations qui pourraient causer des dommages injustifiés. Dans ce cas, la publication des dossiers médicaux pourrait entraîner des conséquences négatives pour la santé et la réputation de Dany Bright.
Question B6⚓
Défendre la liberté d'informer
L'arrêté napoléonien de 1801 met en avant l'importance de la circulation des informations pour éclairer la population. En favorisant la communication et en combattant l'ignorance, l'arrêté reconnaît implicitement le droit du public à être informé.
Ce principe est fondamental en déontologie journalistique, car il souligne que l'information est un bien public essentiel pour une société démocratique. En permettant à la population d'accéder à des informations, l'arrêté contribue à la formation de citoyens éclairés, capables de participer activement à la vie publique.
Rester indépendant
Cependant, l'arrêté prévoit également un contrôle accru des autorités sur la diffusion des nouvelles, ce qui va à l'encontre du principe d'indépendance journalistique et de préservation de la diversité des opinions.
En exerçant un contrôle sur le contenu des informations diffusées, l'État se positionne comme un censeur, ce qui peut mener à la propagande plutôt qu'à une information libre et indépendante.
Le métier de journaliste exige une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques et économiques pour garantir une information objective et impartiale. Dans ce cas, l'arrêté napoléonien ne respecte pas ce principe, car il instaure un mécanisme de surveillance et de contrôle qui peut limiter la liberté d'expression et d'information.
Question B7⚓
Être juste et équilibré
Un journaliste doit fournir un portrait équitable et objectif, même lorsqu'il connaît personnellement la personne concernée. En omettant des informations qui pourraient nuire à sa campagne, Julie ne respecte pas le principe d'être juste et équilibré.
Un journaliste doit présenter les faits de manière impartiale et équilibrée, en incluant à la fois les aspects positifs et négatifs d'une personne ou d'une situation.
En ne le faisant pas, Julie favorise son ami de manière injuste.
Refuser la corruption ou le conflit d’intérêt
Le fait que Julie rédige un article sur un ami proche pose un problème de conflit d'intérêt.
Un journaliste doit éviter les situations où ses relations personnelles peuvent influencer son travail.
Julie aurait dû confier l'article à un collègue pour éviter ce conflit d'intérêt et garantir l'impartialité de l'information.
Séparer les faits des opinions
En présentant un portrait très positif, Julie mélange les faits avec ses opinions personnelles. Un journaliste doit séparer clairement les faits des opinions pour éviter de biaiser l'information. En ne le faisant pas, Julie compromet l'objectivité de son article.
Question B8⚓
Rester indépendant
La surveillance exercée par les préfets et le contrôle de la presse sous la Restauration et la monarchie de Juillet visent à empêcher toute information jugée menaçante pour le pouvoir royal. Cela illustre une volonté de restreindre l'indépendance de la presse, étouffant les opinions critiques ou les informations déplaisantes, qu'elles soient vraies ou fausses.
Complément : Réponse complémentaire non proposée dans les choix
Défendre la liberté d'informer
Ce document va à l'encontre de la liberté d'informer, puisque les opinions diverses ne peuvent s'exprimer librement sous peine d'être censurées par le pouvoir du roi.
Question B9⚓
Rester indépendant
Le journal doit conserver son indépendance éditoriale et éviter de devenir un outil de communication ou de promotion personnelle pour le chef d’établissement. Cela va à l'encontre de la mission d'un média, même au niveau scolaire, qui est de fournir des informations équilibrées, non biaisées et fondées sur des faits, sans être influencé par des intérêts particuliers.
Refuser la corruption ou le conflit d'intérêt
En acceptant de publier un article dirigé par le chef d'établissement pour promouvoir sa propre gestion, les journalistes du club seraient confrontés à un conflit d'intérêt. Cela met en danger leur crédibilité et l'intégrité de leur travail, car ils risquent de passer d’un rôle d’informateurs indépendants à un instrument de propagande.
Question B10⚓
Ne pas nuire
Il est important de réfléchir à l'impact de la publication sur les élèves impliqués et la communauté scolaire. L'article doit être rédigé de manière à dénoncer les faits sans causer de préjudice supplémentaire ni exacerber les conflits. Une publication maladroite pourrait en effet aggraver la situation pour les victimes ou les personnes accusées, même si l'intention première est positive.
Vérifier les informations
Avant de publier l'article, il est indispensable de vérifier les faits et d'obtenir des preuves concrètes. Cela évite de diffuser des accusations non fondées qui pourraient nuire à la réputation des personnes impliquées ou aggraver les tensions.
Défendre la liberté d’informer
Dénoncer une situation de harcèlement relève de l'intérêt public. Le journal doit envisager de publier les informations de manière éthique et responsable, en exposant un problème grave tout en limitant les conséquences négatives pour les victimes.
Protéger les sources
La protection de l'anonymat du lanceur d'alerte est cruciale pour garantir sa sécurité, d'autant plus qu'il existe un risque de représailles. Protéger les sources est un principe déontologique central qui permet de défendre les personnes vulnérables en quête de justice.
Censure, liberté de la presse et responsabilité⚓
1. Le droit à l'information
L'un des fondements de la liberté de la presse est le droit des citoyens à être informés. La presse joue un rôle central en tant que quatrième pouvoir, servant de contrepoids aux abus potentiels des pouvoirs politiques, économiques ou judiciaires. Dans ce cadre, lorsque les faits sont d'intérêt public, la presse a le devoir de publier, même si elle risque la censure. Braver la censure devient un impératif démocratique.
Exemple :
La révélation des affaires de corruption, des violations des droits de l'homme ou des pratiques illégales au sein d’un gouvernement ou d'une entreprise privée relève de l’intérêt public et nécessite parfois de passer outre des pressions ou des menaces de censure.
2. Le danger de la désinformation ou de la manipulation
Le contrepoint de cette responsabilité est que la presse ne doit pas céder à la tentation de publier des informations sans vérification suffisante ou dans le but de manipuler l’opinion publique. La publication d’informations inexactes ou manipulées peut entraîner des conséquences graves, non seulement pour les individus visés, mais aussi pour la société dans son ensemble. Dans ce cas, le silence peut être plus responsable que la publication.
Exemple :
Durant les crises ou les conflits armés, la diffusion d'informations non vérifiées ou partiales peut attiser les tensions et mener à des violences supplémentaires. Une vérification rigoureuse des faits s'impose avant toute publication.
3. La protection des sources et la sécurité des individus
Il existe également des situations où publier des informations pourrait mettre en danger la vie ou la sécurité des personnes concernées, comme les lanceurs d'alerte, les journalistes d'investigation ou des témoins. Dans ces cas, la presse doit être prudente et protéger ses sources tout en trouvant un équilibre entre l'intérêt public et la sécurité des individus.
Exemple :
La presse peut décider de différer une publication si cela permet de protéger des vies ou d’éviter des représailles contre des sources confidentielles. Cependant, cela ne signifie pas céder à la censure, mais plutôt faire preuve de responsabilité éthique.
4. Les enjeux de la stabilité nationale ou internationale
La diffusion d’informations sensibles peut également entraîner des répercussions sur la sécurité nationale ou les relations internationales. Dans certains cas, le gouvernement peut invoquer la nécessité de protéger des informations cruciales pour la défense du pays. La presse doit alors évaluer si cette protection est justifiée ou si elle cache des abus de pouvoir.
Exemple :
La divulgation de documents militaires confidentiels pourrait exposer des opérations en cours et mettre en danger des soldats. Toutefois, si ces documents révèlent des crimes de guerre ou des actions illégales, la presse a la responsabilité de les publier.
5. La législation et le cadre juridique
Dans certains pays, la censure est légalisée par le biais de lois restrictives, qui limitent la liberté de la presse. Cependant, la légitimité de ces lois est souvent contestée, surtout lorsqu'elles servent à protéger les intérêts du pouvoir plutôt qu'à assurer la sécurité publique.
Exemple :
En temps de guerre ou d'état d'urgence, des restrictions peuvent être imposées à la presse, mais ces mesures doivent être temporaires et proportionnées. Une presse indépendante doit s'efforcer de dénoncer les abus de telles législations lorsqu'elles deviennent des instruments de contrôle.
Conclusion
La presse doit braver la censure lorsque l’intérêt public, la démocratie et les droits fondamentaux sont en jeu. Toutefois, elle doit aussi agir avec éthique, en pesant les conséquences potentielles de ses publications, notamment en termes de désinformation ou de sécurité des individus. Le défi pour les journalistes et les organes de presse est de trouver cet équilibre, en naviguant entre leur devoir d’informer et les responsabilités qui en découlent.
Activités complémentaires – Les dilemmes du journalisme scolaire⚓
Objectif
Les élèves, en tant que membres d’un club journal scolaire, seront confrontés à plusieurs situations où ils devront réfléchir aux enjeux éthiques, aux pressions et aux responsabilités liés à la publication d’articles. Ils devront décider s'ils publient ou non et justifier leurs choix en fonction des principes journalistiques.
Situation 1 – Pressions administratives et indépendance de la presse⚓
Contexte
Le club journal a découvert des informations sur la gestion financière opaque du lycée. Un membre de l'administration a détourné des fonds pour financer un projet personnel. Le chef d'établissement, ayant pris connaissance de l'enquête du journal, exerce des pressions pour empêcher la publication. Il explique que cette révélation pourrait ternir l'image de l'établissement et causer des problèmes avec les autorités académiques.
Objectifs
Les élèves doivent débattre sur les points suivants :
Faut-il publier l’article malgré les pressions ?
L'intérêt public des élèves justifie-t-il cette publication ?
Comment concilier l’indépendance journalistique et la responsabilité vis-à-vis de la communauté scolaire ?
Quelles pourraient être les conséquences si l'article est publié ?
Résultat attendu
Les élèves décident en groupe de publier ou non l’article, en justifiant leur position. Ils doivent aussi proposer des stratégies pour faire face aux pressions éventuelles.
Situation 2 – Conflit d'intérêts : le journal, outil de communication du chef d'établissement ?⚓
Contexte
Le chef d’établissement propose que le journal du lycée publie un article sur sa gestion de l’école, en vantant son efficacité et les réformes qu’il a mises en place. Il voit le journal comme un outil de promotion personnelle et souhaite diriger la rédaction de l’article. Les élèves du club journal sont partagés : certains pensent que c’est une opportunité de mettre en lumière les bonnes initiatives du lycée, tandis que d’autres y voient un conflit d’intérêt et une atteinte à l’indépendance du journal.
Objectif
Les élèves doivent réfléchir aux questions suivantes :
Faut-il accepter la proposition du chef d'établissement ?
Comment l'indépendance journalistique peut-elle être compromise ?
Si l'article est publié, comment s'assurer qu'il soit impartial et ne devienne pas un outil de propagande ?
Résultat attendu
Les élèves décident collectivement de publier ou non l'article, et proposent des solutions pour équilibrer la présentation des faits s'ils choisissent de le publier.
Situation 3 – Dilemme de la sécurité et de la protection des sources⚓
Contexte
Un élève lanceur d'alerte a transmis des informations confidentielles sur le harcèlement subi par plusieurs élèves de la part d’un groupe influent du lycée. Il demande à ne pas être identifié par peur de représailles. Le club journal est prêt à publier l’article pour dénoncer la situation, mais certains membres craignent que révéler ces faits sans preuves aggrave les tensions dans l’établissement.
Objectif
Les élèves doivent discuter autour de ces questions :
Comment protéger la source tout en publiant les informations ?
Quels risques encourt le journal s'il publie des accusations non fondées ?
L’article doit-il être publié en l’état ou faut-il approfondir l'enquête avant de révéler ces faits ?
Résultat attendu
Les élèves doivent décider s'ils publient immédiatement, différer la publication ou rechercher plus de preuves avant d'agir. Ils peuvent aussi discuter des conséquences pour la personne qui a fourni les informations.
Situation 4 – Choix d'articles et éthique journalistique⚓
Contexte
Le journal doit publier un article sur une initiative du lycée visant à promouvoir le respect de l’environnement. Plusieurs versions de l’article sont proposées par les membres de l’équipe rédactionnelle, mais elles varient fortement dans le ton et la forme :
Version A : un article très enthousiaste qui ne mentionne aucun problème ou limite du projet.
Version B : un article critique qui souligne les contradictions du lycée en matière de gestion des déchets.
Version C : un article équilibré qui présente à la fois les points positifs et négatifs du projet.
Version A – Un article enthousiaste
Titre : Le lycée en première ligne pour un avenir écologique !
Le lycée a récemment lancé une nouvelle initiative ambitieuse pour promouvoir le respect de l’environnement. Sous la direction de l’administration et avec l’appui des élèves, plusieurs actions ont été mises en place, notamment la réduction des déchets plastiques et l’installation de bacs de tri dans toutes les classes.
L’équipe pédagogique, consciente de l’urgence climatique, encourage les élèves à adopter des gestes éco-responsables au quotidien. "C’est un grand pas en avant pour notre lycée !", déclare le proviseur. Le projet a reçu un accueil très positif de la part des élèves, qui sont heureux de contribuer à la protection de la planète.
Grâce à cette initiative, le lycée se positionne en véritable modèle de développement durable. Des ateliers de sensibilisation sont organisés régulièrement, et tout le monde semble motivé à participer à cet effort collectif. Ensemble, nous pouvons faire la différence !
Version B – Un article critique
Titre : Initiatives écologiques du lycée : une façade verte ?
Le lycée a récemment lancé un projet écologique pour promouvoir le respect de l’environnement, mais est-ce vraiment un engagement sincère ou une simple façade ? Bien que les bacs de tri aient été installés dans toutes les classes, on observe que peu d'élèves respectent réellement les consignes. Pire encore, aucune campagne d’information sérieuse n’a été mise en place pour sensibiliser la communauté scolaire aux gestes éco-responsables.
Le plus troublant est l’écart entre cette initiative "verte" et certaines pratiques du lycée qui restent inchangées. Les distributeurs de snacks et boissons continuent de proposer des produits emballés dans du plastique, et la consommation d’électricité semble toujours excessive dans les bâtiments.
"C’est bien beau de faire de grands discours, mais on a l’impression que ce projet sert plus à redorer l’image de l’établissement qu’à véritablement changer les choses", confie un élève. Les mesures mises en place ne suffisent pas à rendre l’établissement réellement durable, et des efforts plus concrets sont nécessaires pour aligner les actions sur les ambitions annoncées.
Version C – Un article équilibré
Titre : Un lycée plus vert : une initiative prometteuse, mais des défis à relever.
Le lycée a récemment lancé un projet ambitieux visant à promouvoir la protection de l’environnement à travers plusieurs actions concrètes, comme l’installation de bacs de tri dans les salles de classe et l’organisation d’ateliers de sensibilisation. L’administration se félicite de cette initiative, soulignant l’importance d’impliquer les jeunes dans la lutte contre le changement climatique.
Cependant, malgré les intentions louables de ce projet, certains défis restent à surmonter. Beaucoup d’élèves ne respectent pas encore systématiquement les règles de tri, et certaines pratiques de l’établissement, comme l’utilisation massive de plastique dans les distributeurs, interrogent sur la cohérence de l’initiative. "On sent qu’il y a de la bonne volonté, mais il faut aller plus loin pour que les actions soient vraiment efficaces", explique un professeur.
Pourtant, cette initiative reste un pas dans la bonne direction. Le lycée a encore du chemin à parcourir, mais en continuant sur cette voie et en intensifiant les efforts, il pourrait devenir un véritable exemple en matière d’écologie. Les prochaines étapes devront inclure une meilleure sensibilisation des élèves et des changements plus profonds dans la gestion quotidienne des ressources.
Objectif
Les élèves doivent choisir laquelle de ces versions publier, en tenant compte des critères suivants :
Quelle version est la plus juste et la plus honnête envers les lecteurs ?
Comment éviter de tomber dans un excès de critique ou de flatterie ?
Est-ce que l’article respecte la diversité des points de vue ?
Résultat attendu
Ces trois versions permettent de présenter différents angles d’une même réalité. Les élèves sélectionnent la version qu'ils jugent la plus appropriée et justifient leur choix en termes d'objectivité, d’éthique et d’équilibre. Si aucune d'entre elles ne leur convient, ils peuvent décider, dans un second temps, d'écrire une nouvelle version en s'inspirant des éléments des trois. Cet exercice peut l'occasion d'aborder les notions d'angle, de ton et de ligne éditoriale.
Conclusion⚓
Cette série d’activités amène les élèves à réfléchir en profondeur aux responsabilités des journalistes, aux conflits d'intérêts, à l'indépendance de la presse, et à la prise en compte des conséquences des publications. En confrontant les élèves à ces situations dans un contexte scolaire familier, l'objectif est de les amener à réfléchir à l'équilibre fragile que le journaliste doit trouver entre l'intérêt public, les pressions extérieures et l'éthique.