"Grève des profs" est un scénario d’enquête dont le but est de vérifier une rumeur lancée par Théo, concernant une éventuelle grève des professeurs la semaine suivante.
Théo, un élève réputé pour raconter des histoires, prétend qu'une grève des profs est prévue pour la semaine prochaine.
Il a un intérêt à ce que certains professeurs soient absents. Cela lui permettrait d'éviter l'examen de maths...
Pour s'organiser, les élèves (notamment les internes) ont besoin de vite savoir si cette information est vraie ou fausse.
En tant que journaliste web de votre lycée, vous décidez d'enquêter pour vérifier la véracité de cette information avant de publier.
Mais le temps presse !
Vous disposez de 20 min pour réaliser votre enquête.
La parole de Théo est peu fiable, mais faut-il l’écarter pour autant ?
L’enquête amène le joueur à interroger plusieurs personnages pour essayer de glaner des informations auprès de l’administration, des enseignants et sur les réseaux sociaux. Parmi les possibilités, le joueur doit choisir les plus pertinentes car il ne dispose que de 20 mn avant de devoir rédiger son article.
Ce scénario a pour but d’apprendre à hiérarchiser la valeur des informations, entre un témoignage, une opinion, un indice et une preuve.
Il est possible à tout moment de rédiger l’article et de publier l’information, cependant tant que le joueur n’aura pas trouvé une preuve concrète qui confirme ou invalide l’hypothèse de la grève, la résolution de l’enquête est vouée à l’échec.
Une seule preuve permet réellement d’affirmer que la grève des profs aura bien lieu, il s’agit du préavis de grève affiché en salle des professeurs. Tant que le joueur n’a pas trouvé cette preuve, la publication de son article sera vouée à l’échec quel que soit la thèse défendue, car, mis à part cette preuve, rien ne permet d’affirmer de manière tangible que la grève aura lieu ou n’aura pas lieu.
Ce scénario comporte donc deux fins invalides (sans preuve) et une fin valide (avec le préavis).
Comment mener et réussir l’enquête ?⚓
Interroger Théo, interroger les autres élèves ou consulter les réseaux sociaux
Ces pages permettent d’avoir des détails qui alimentent la rumeur : une grève aura lieu au lycée professionnel voisin. L’administration semble ne pas vouloir communiquer sur la grève pour que le chaos ne se répande pas dans l’établissement. Certains pensent qu’il s’agit d’une information fausse.
Se rendre à l’administration
Le proviseur et la secrétaire de direction ne sont pas disponibles. Il est donc impossible d’obtenir une information officielle. Cependant on peut surprendre les bribes d'une conversation de la secrétaire au téléphone derrière la porte, qui évoque bien une grève, une réunion syndicale en salle des profs, et des craintes que la situation dégénère.
Cependant ces informations sont imprécises et ne permettent pas de comprendre le contexte exact.
Interroger la professeure de mathématiques
Mme Cassoti ne nous apprend pas grand-chose de nouveau, si ce n’est qu’une réunion syndicale a bien eu lieu en salle des profs à midi.
Elle peut nous fournir en revanche un courrier qui permettra d'accéder à la salle des professeurs.
La salle des profs
La salle des professeurs est surveillée par le professeur d’EPS, M. Soulier. Pour pouvoir y entrer, il faut une bonne raison : vous devez donc être en possession du courrier de Mme Cassoti à l’intention de Mme Mullner.
Les casiers sont classés par ordre alphabétique. Il faut trouver le casier de Mme Mullner pour se débarrasser définitivement de M. Soulier
Une fois seul en salle des professeurs, il est enfin possible d’explorer les lieux.
Sur la table, des tracts de syndicats.
Sur la table, une note de réunion confirmant la mobilisation de tous les enseignants toute la semaine.
Sur le tableau d’affichage, un post-it confirmant l’organisation d’une réunion syndicale à propos d’une grève des enseignants.
Sur le tableau d’affichage, un calendrier avec la semaine suivante surlignée.
Bien que ces éléments aient leur importance et semblent confirmer la grève, ils ne constituent pas une preuve formelle que les enseignants du lycée seront en grève.
Si le joueur se contente uniquement de ces indices, la fin sera invalidée.
Le dernier élément à consulter est une affiche sur le tableau protégée par un mot de passe.
Il est demandé ce que craint l’administration pour ne pas annoncer la grève : le mot de passe est "chaos". Cette information peut être récupérée à deux endroits : en interrogeant d’autres élèves, et dans la salle d’attente de l’administration.
Une fois la page débloquée l’affiche du préavis de grève des enseignants du lycée s’affiche. Seul cet élément constitue une preuve tangible confirmant que la grève aura bien lieu.
Les différentes fins⚓
Fin n° 1 invalide (sans preuve) : la grève des profs aura bien lieu
Vous vous empressez de poster votre article pour alerter les élèves du mouvement de grève.
Le lundi, vous et vos parents êtes convoqués par le proviseur. Il vous sanctionne pour avoir relayé de fausses informations.
Il vous apprend qu'il y a effectivement une grève la semaine prochaine, mais elle ne concerne que les enseignants du lycée professionnel voisin : ils protestent contre la nouvelle organisation des stages professionnels.
Une réunion syndicale a bien eu lieu. Elle était organisée par un représentant des enseignants du lycée pro, à titre informatif pour les enseignants du lycée général.
La secrétaire de direction s'inquiétait d'éventuels débordements au lycée professionnel, juste avant les examens.
Vous recevez un avertissement et êtes invité à réviser votre investissement dans le club du journal.
Fin n° 2 invalide (sans preuve) : la grève des profs n’aura pas lieu
Vous publiez un article démentant cette rumeur de grève.
Le lundi matin la grève a bien lieu, 80 % des professeurs sont absents.
Les élèves de l'internat débarquent furieux devant le club du journal. Le CPE et le proviseur doivent intervenir pour les calmer.
Le proviseur vous convoque. Il vous rappelle que le club du journal n'est pas autorisé à diffuser ce type d'information si elle n'est pas vérifiée au préalable par le canal officiel, à savoir l'administration. Il exige que, désormais, vous respectiez cette règle.
Vous essayez de lui expliquer que vous avez tenté de contacter l'administration. Mais, agacé, il vous interrompt et coupe court à la conversation.
Vous êtes invité à sortir de son bureau.
Fin n° 3 valide (avec préavis comme preuve) : la grève des profs aura bien lieu
Vous rédigez et publiez votre article après avoir découvert le préavis de grève.
Les élèves du lycée vous remercient pour l'info.
Le proviseur vous téléphone pour vous signaler que ce n'est pas à vous de publier ce type d'information. Que vous auriez dû, au préalable, vous renseigner auprès du canal officiel de la direction.
Le proviseur hésitait à officialiser cette annonce, craignant que la mobilisation provoque des débordements.
Il reconnait avoir été retenu vendredi avec sa secrétaire pour une urgence, l'empêchant de publier l'information.
Finalement il vous remercie, car sans votre intervention les élèves de l'internat seraient restés bloqués inutilement dans l'établissement toute la semaine.
Il vous invite, à l'avenir, à davantage collaborer avec lui.
Badge
À l’issue de l’enquête, les joueurs étant parvenus à la fin n° 3 valident un badge investigation.
Prolongements⚓
Contexte
Ce scénario a été inspiré par l'un des panneaux de l’exposition où il est question de l’auteur grec Plutarque. Dans son histoire Les Vies des hommes illustres, il rapporte une anecdote saisissante sur la mort du général Athénien Nicias, après la désastreuse expédition de Sicile en 415 avant J.-C. Un barbier annonce devant l’Acropole la nouvelle de la défaite des armées athéniennes en Sicile. Accusé d’avoir forgé une fausse nouvelle pour déstabiliser la cité, il fut torturé jusqu’à ce que d’autres nouvelles confirment qu’il avait bien dit la vérité.
Problématique et enjeux
La problématique qui se dégage de cette situation a donné naissance au scénario grève des profs et suscite certaines interrogations.
Dans quelle mesure une source d’information a priori peu fiable doit-elle être prise au sérieux ou écartée ? Et, inversement, est-il malgré tout nécessaire de vérifier une information officielle, fiable à priori ?
Complément : Questions aux élèves pour approfondir la problématique
À propos de la première question, on peut s’interroger sur les critères permettant de différencier la parole d’un lanceur d’alerte, de celle d’un fou, d’un illuminé, d’un complotiste ou d’un lobbyiste. Préoccupation du bien commun d’un côté, contre emprise idéologique ou conflit d’intérêt de l’autre. Vous pouvez demander aux élèves quels sont, selon eux, les critères qui permettraient de différencier ces deux types de profils.
Concernant le second aspect, on peut se poser la question de la légitimité de la parole officielle dans un régime corrompu ou autoritaire. Mais alors quels sont les éléments sur lesquels s’appuyer pour étayer des accusations fondées et ne pas être soi-même le vecteur d’un discours complotiste ou populiste ? À partir de quel moment la remise en doute d'une parole officielle devient-il légitime ? La propagande existe-t-elle aussi dans les régimes démocratiques ?
On peut relever également l’impératif du travail du journaliste consistant à enquêter sur les rumeurs et vérifier ses informations quelle qu'en soit la source (fiable ou non) avant de les publier.
Enfin, on peut s’interroger sur la différence de statut entre une preuve et un indice, ainsi que sur la valeur à accorder à un témoignage. Quels sont les critères qui permettent de considérer certains éléments comme des preuves et quels sont ceux qui à l'inverse ne le sont pas ?